dimanche 20 janvier 2008

Plainte de l’âme

Ô souffrance ! Mon âme est tourmentée, car triste elle est. Pleure-t-elle ? Que nenni ! Serait-ce la dépression ? Oncques la dépression ; le pouvoir infini du cerveau humain permet de contrer ce sombre mal ! Il faut sourire et rire.

Mon âme se plaint – elle veut écrire. J’ai envie d’écrire, j’ai besoin d’écrire. « Ne le faites-vous point au bureau ? », demanderez-vous, soulevant le sourcil gauche, abaissant la paupière droite. « Si, mais si, mais point à temps plein… » Ô malheureuse qui voulait essayer le graphisme ! La vie t’a comblé ; elle t’a offert, sur un plateau d’argent, ce vœu et, pour te remercier du respect que tu lui portes, les honneurs que tu lui rends, un bonus elle a ajouté à son cadeau, soit une longue liste d’avantages. La lampe magique d’Aladin a exaucé ton désir.

Mais, petite demoiselle souriante, te voilà insatisfaite. « Non, point insatisfaite, plutôt repue », oserais-je vous répondre. L’envie de « graphiquer » est passée et voici revenir au galop, telle une cavalerie déchaînée, ta grande passion. Tu veux la laisser vivre, sa liberté tu veux lui rendre, car finalement, c’est bien impossible de confiner, au fin fond de ton âme, ton désir, ton besoin, d’écrire.

Amour de la langue française, quand tu nous tiens. Impossible de se défiler, impossible d’abandonner. Je suis ambassadrice de ton alphabet, je suis cerbère de ton vocabulaire et ton orthographe, je suis maître de ta syntaxe et de ta grammaire. Je t’adore, Ô beauté qui a traversé les âges en noblesse. Aristocrate, tu as conquis de grands royaumes, bourgeoise, tu as irisé les mers de fine marchandise, servile, tu as coloré la langue du peuple. Historienne de profession, avec toi j’ai remonté le temps, avec toi j’ai longuement flâné dans les villes et les cours du Moyen Âge, dans les palais, les hostels et les mansardes du XVIIe siècle, avec toi j’ai également épié les us de moult seigneurs, rois, nobles, peintres, écrivains et serfs de jadis, avec toi, en somme, j’ai grandi. Fidèle je te fus, fidèle je serai comme le furent ces gens qui t’ont fait franchir les ères.

Je rêve du matin, dès potron-minet, où l’on m’ordonnera de passer tout mon temps à rédiger, à écrire, à jouer avec tes mots qui ont tant voyagé, à les faire valser sur des champs lexicaux les plus intéressants les uns que les autres. J’ai envie de montrer à tous ta beauté, ta puissance, ta fragilité et, notamment ton histoire.

Ô chère langue française adorée, pour toujours ta vassale je serai. Parmi tes chevaliers tu peux me compter, car pour toujours je te protégerai. Je t’écrirai.

Entre parenthèses : cher lecteur, n’ayez crainte : je ne suis point démente, mais simplement une artiste, passionnée comme mes pairs, et qui ressentait, ce jourd’hui, une ultime envie de pianoter sur le clavier afin d’écrire. =)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah que c'est joli ton truc! On remarque l'influence de l'historienne et la passion de l'écrivaine.

Anonyme a dit…

Seduire c'est de savoir jouez avec les mots.

Au plaisir de te lire a nouveau

Anonyme a dit…

Le besoin d'écrire, quand il frappe, c'est comme un mal. Ça cogne, ça cogne, il y a l'âme qui attend les mots, les mots qui attendent l'âme. Et quand la rencontre se fait, c'est comme une explosion: les phrases déferlent, les ponctuations nous propulsent vers la prochaine idée. Et en bout de ligne: un texte, parfois anodin, mais peu importe. C'est le choc qui compte.